Avoir son propre cabinet, organiser son temps comme on le souhaite et être autonome c’est sûr, ça fait rêver, et nous sommes d’ailleurs nombreux et nombreuses à vouloir nous installer une fois le diplôme en poche. Seulement une fois la décision prise, on fait vite face à la réalité : combien ça va me coûter ? Comment vais-je avoir mes premiers patients ? Quel matériel me faut-il ? Est-ce que j’ai le droit de faire de la publicité ?
Alors on regarde un peu ce que font les autres à côté, on imite (sans voir si ça marche vraiment), on se compare, beaucoup, et on peut vite se sentir submergé et passer à côté de l’essentiel !
Voici donc les 5 erreurs à ne pas commettre lorsqu’on démarre en tant que diet en libéral :
1 / Ne pas dépenser de l’argent inutilement
Lors de l’aménagement de son cabinet la première chose à laquelle on pense c’est la décoration, on se précipite chez IKEA, et dans les magasins de déco, mais le fait d’investir dans des biens matériels n’est-il pas un moyen de se rassurer dans la démarche de se lancer ?
Beaucoup de diététicien(ne)s vont investir dans des supers balances, un logo, des logiciels de calcul et se persuader que cela sera une force supplémentaire en consultation.
Mais SPOILER ALERT : on peut se lancer en libéral sans se mettre dans le rouge !
Tout d’abord, quel lieu de consultation choisir pour éviter d’avoir des finances qui explosent ?
En effet louer un cabinet peut être une dépense mensuelle coûteuse et lorsque l’on débute en libéral cela peut être un risque.
Les solutions :
- Créer son propre cabinet à la maison si vous en avez la possibilité, ou s’en faire prêter un.
- Louer un cabinet sur base de rétrocession, en Belgique il est possible de louer un cabinet sur base de rétrocession, c’est-à-dire que si tu ne fais pas de consultation tu ne paies rien ou uniquement un pourcentage de ton salaire par rapport à ta location.
- Faire des consultations à domicile, cela diminue les frais et être au domicile du patient permet de voir son environnement. Cependant si vous êtes mal à l’aise et que vous avez besoin de vous rassurer évitez dans un premier temps.
- La téléconsultation qui permet d’avoir tous ses outils sous la main, d’éviter certains frais supplémentaires, pour démarrer c’est souvent l’option idéale. Les personnes sont chez elles et sont souvent moins stressées que lorsqu’elles viennent au cabinet.
Si vous êtes en cabinet, tenter de prendre de la décoration de récup, et de personnaliser, en récupérant dans vos familles ou en chinant dans les vides grenier, sur vinted, ebay, le bon coin.
Pour le matériel de mesure, qui est important, les prix de balance peuvent atteindre des sommes astronomiques (de 1000 à 1500€), cela peut-être assez dangereux de dépenser une fortune pour sa balance quand on débute, prenez dans un premier temps une balance lambda.
Utiliser les agendas de prise de rendez-vous en ligne, ce qui permet d’éviter parfois au patient le contact téléphonique et l’attente d’une réponse.
On retrouve régulièrement Doctolib, qui peut-être un sacré investissement (140€/mois) et dont le tarif dépend du lieu où l’on se trouve.
Toutefois, MonSuiviDiet propose sa plateforme de rendez-vous MonSuiviDiet+, comprise dans l’abonnement de base.
Le site internet, une seule page web, avec une vidéo de vous, les tarifs et la possibilité de prendre rendez-vous en ligne peuvent suffire. Vous avez pour cela la possibilité d’utiliser les sites tels que : wix, strikingly simple d’utilisation et peu coûteux, et après pourquoi pas revenir dessus et améliorer au fur et à mesure.
Les cartes de visites ne sont pas de première nécessité, pour des consultations en ligne cela paraît inutile.
2 / Croire que les patients vont venir naturellement
On peut avoir à l’idée que les patients vont venir naturellement à notre cabinet, que les médecins vont nous envoyer des patients, mais en réalité les gens ne savent pas à quoi servent les diététicien(ne)s.
Les médecins travaillent rarement avec les diététicien(ne)s, et méconnaissent le métier, il faut donc avoir en tête que “oui nous sommes une profession paramédicale mais il faut tout de même se faire connaitre et aller voir les médecins pour leur expliquer nos fonctions’’
Certains médecins vont être ouverts et à l’écoute mais ne connaissent qu’un quart de ce qu’on est capable de faire.
Il faut avoir en tête : comment va-t-on pouvoir travailler ensemble ? Quels sont mes services ? Quelles sont mes compétences ?
En gardant en tête que les médecins pensent que notre prise en charge s'axera uniquement sur de la perte de poids et n’ont pas connaissance des autres pathologies qu’il est possible de traiter.
Élise ‘’ je me suis fait démarcher par quelqu’un qui faisait des sites internet, évidemment il ne faisait pas gratuitement, et je me suis engagée à payer 200€ /mois sur 4 ans pour soi-disant avoir le site le mieux référencé du monde ! Donc il faut vraiment être vigilant par rapport à ce qu’on peut vous raconter pour avoir plus de patients, soyez attentif à ce que vous signez’’
Le meilleur moyen pour avoir des patients :
- Bouche-à-oreille : votre entourage, village, médecin traitant qui peut relayer votre contact à sa patientèle, rencontrer physiquement les gens est beaucoup plus parlant que virtuellement
- Si vous êtes déjà actif sur les réseaux sociaux cela peut vous aider à démarrer plus facilement
- Intégrer des réseaux de soins ou une équipe pluridisciplinaire (cabinet médical avec d’autres professionnels de santé) et n’hésitez pas à vous présenter ! Organisez quelque chose à l’ouverture du cabinet pour faire connaître ce que vous proposez comme service.
3/ Le manque de rigueur
Au départ on pense beaucoup à la forme et peu au fond, on néglige la préparation de ses consultations et de ses suivis, et on oublie de réfléchir à : comment va s’organiser mon dossier patient ? qu’est-ce que je vais proposer en consultation de suivi ? Comment je vais gérer mes patients entre mes consultations ? est-ce que je prends une application de suivi ? est-ce que je leur dis que je reste disponible par mail ?
Avoir une ligne de conduite et une organisation à respecter permet de donner un cadre à vos consultations, afin de n’oublier aucun élément et rassurer le patient, en anticipant certains cas de figure, en vous posant les questions telles que : sur quoi je souhaite accès mes questions selon telle ou telle pathologie ? et réfléchir à certains scénarios.
C’est aussi la possibilité de faire varier vos offres, en effet lorsqu’on sort du cursus scolaire on a pour habitude de fournir un plan alimentaire et penser que cela suffira, il sera alors judicieux de réfléchir à ce que vous pouvez fournir comme accompagnement global, et pourquoi pas faire des packs ?
De plus, être diététicien(ne) en libéral inclus une part de comptabilité, qui permet de comprendre en amont ce qui ne va pas, il faut donc être vigilant là-dessus, pourquoi pas le sous-traiter.
4/ Se sous-évaluer
Élise Bricoult : ‘’ Quand j’ai démarré de manière non officielle je demandais des tarifs très bas 35€ pour un premier rendez-vous et 18€ pour un suivi. Dernièrement, j’ai effectué des recherches sur ma comptabilité, j’ai maintenu ses tarifs là pendant 3 ans ! Avec le recul je me dis que j’étais bête ! Quand on n’est pas fière de ses consultations, et convaincu que cela n’apporte pas beaucoup de valeur, on fait des tarifs au rabais, et c’est dommage d’avoir cette vision la… ’’
Marion : ‘’il y a des prestations rabais, ou des prestations gratuites. Moi je l’ai fait, de faire des consultations à sa famille, et ses amis en fin de repas sur un coin de table. Le truc que je ne conseille pas ! Car cela ne renvoie pas une image positive de ce qu’on fait, et puis en faisant ça gratuitement, et en faisant ça à des gens de notre entourage qui veulent nous faire plaisir, ce ne sont pas forcément des personnes investis dans leur suivis, et qui ont besoin ou envie de changer leur comportement alimentaire. Du coup on se retrouve en situation d’échec, on ne fait pas cela dans des conditions réelles de consultations. Pour moi c’est le truc à éviter, c’est comme faire gagner des consultations gratuites, ça n’attire pas des gens qui vont vraiment continuer. Ce n’est pas une bonne stratégie de rendre les consultations gratuites, ça nous fait perdre de la valeur et nous prend du temps ! ‘’
5 / Continuer de se former en continu
Faire des spécialisations en fonction de ce qui nous plait, et quel type de patient vous aimez prendre en charge.
Quand on sort des études, c’est important de ne pas se lancer dans n’importe quelle formation, on est tenté de toucher à tout mais sans avoir conscience de la véritable demande de nos patients. Quand on décide de se former c’est donc pour répondre à des problématiques recensées en consultation.
Évitez donc de vous disperser, et de vouloir tout faire, parce que vous ne mettrez pas en pratique tout ce que vous apprenez dans vos consultations. C’est-à-dire si je me lance dans une spécialité en diététique du sportif mais qu’en consultation je ne rencontre pas de sportif, cela n’aura pas de sens à ce moment-là.
Aussi, cela peut être intéressant de parler de cas patients avec d’autres diététiciens, afin d’échanger avec bienveillance, et pour débloquer certaines situations.
Enfin, il est possible d’adhérer à des associations, pour avoir accès à des documents, des fiches pratiques, qui peuvent nous guider au démarrage.
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